Le Regard des Autres

                    A 19 ans en 1971                                                         A l'armée en 1972                                            A la sortie de l'Armée en 1973

Nous sommes en 1971, j'ai 19 ans. un peu pommé dans la vie, un peu perdu , un peu voyou , un peu rebelle ,timide, j'ai peur des filles, je souffre toujours du regard des autres, c'est terrible le regard des gens j'ai l'impression qu'il y a de la méchanceté dans leurs regard .J'ai peur et je me cache parfois...c'est comme ça.

Mais malgrés tous ça une envie de vivre terrible. Je me laisse pousser les cheveux car c'est la mode, je me teint les cheveux en noir, j'ai envie de changer de personnage, je suis mal dans mes pompes.  Je m'habille en rouge, en vert  avec un chapeau, je suis la risée dans mon village... , j'ai l'habitude que l'on me critique ! J'ai envie que l'on me remarque, qu'on parle de moi,  en bien, ou en mal  je ne sais pas trop pourquoi mais c'est comme ça. J'en ai marre d'être mis de coté, d'être pris pour un moins que rien ,   par certaines personnes .

Avec ma voiture je roule très vite, très, très vite. Pourquoi ? Je ne sais pas, certainement pour me faire remarquer...

 Dans les sorties donc je me fais remarquer . Dans ce village, il y en a qui diront que je suis un cas SOS, un drogué, un voyou, un espèce de fou qui finira mal tout simplement, mais ça ne me fait rien je laisse faire...

Je passe une période très très rebelle ,rien ne m'arrête.. Ma voiture me permet de m'épanouir, de fuir de prendre de la liberté, je suis mieux que de rester à déprimer à la maison avec ma grand mère qui vieillit, et qui à peur que je finisse mal, et mon oncle qui n'apprécie guère ce que je fais je pense . Je comprends que ma vie se passera désormais en dehors de cette maison qui n'est finalement pas la mienne ; d'ailleurs je suis plus heureux dehors, comme un manouche, j'aime cette vie de « bohème ».

je me fais des copains et des copines dans les sorties autour de Giat et Gelles. Parfois je rentre le lendemain , je dors dans ma voiture. Un hivers j'organise des " Boums" les dimanches après midi , à Saint Hillaire les Monges chez Tinet , un bistro qui possède une grande salle. Le succès est immédiat, la salle se remplit tout les dimanches après midi, les jeunes viennent parfois de la Creuse. Je fais de de très belles connaissance , Chantal et Aline deux sœurs ..... qui habitent dans le village de Fargoulas à coté de Saint Hillaire , se sera mes premiers flirts, je serai amoureux pour la première fois. Ainsi va la vie. D'ailleurs je ne les ai jamais revues ( Dommage Merci si elle me lise )

Dans l'entreprise où je travaille, ça se passe très bien. Je me fais remarquer par mon travail et mon ambition, ce qui plaît beaucoup à mes supérieurs. Je m'applique et en profite pour demander une augmentation et changer de qualification, ce qui me fait quelques sous supplémentaires j'en ai bien besoin !

Cette entreprise travaille beaucoup pour l'Armée et la Gendarmerie; je travaille ainsi au 92ème Régiment d'Infanterie de Clermont-Ferrand, au camp de la Fontaine du Berger, à la 52ème DM de Lyon et à la caserne Batestit à Montferrand . Je change de voiture et achète une R10 grise d'occasion, pas trop chère, que je garderai 3 ans.

Fin 1971, en fréquentant les Bals de la région, je retrouve un collègue de classe (de Saint-Gabriel): Jacky, qui joue de la guitare et habite Chapdes-Beaufort. Il joue dans un orchestre de bal qui siège dans la région de Messeix.

Un samedi, il m'invite à une répétition de l'orchestre qui se nomme les « SMIGS » et j'assiste à plusieurs répète de ce groupe . Je suis fasciné par la musique. Je suis présent à tous leurs bals et je sympathise avec les autres membres du groupe. J'assiste aussi à toutes les répètes; je suis devenu un fan, tous simplement.

Un jour Jacky me propose de chanter une chanson, un « tube » qui passe à la radio, juste pour essayer: « Trop fragile », de Ringo.

J'apprends ce morceau du mieux possible et chante cette chanson en répétition. Ca plait énormément aux musiciens du groupe.

La semaine d'après, j'apprends un autre morceau, de Martin Circus cette fois-ci, et, là aussi, ce morceau leur plaît beaucoup.

Je suis donc invité au prochain bal, qui a lieu dans la région de Messeix,

et de fil en aiguille je participe comme "petit chanteur" dans les bals qu'anime l'orchestre « Les SMIGS » dans la région. Je me plais vraiment dans ce groupe de musiciens et de copains 

Un jour, je reçois ma feuille de départ à l'armée: je dois partir au 92ème RI, à Clermont-Ferrand, dans une semaine, pour faire mon service militaire (obligatoire à l'époque).

Je suis abattu. Je pleure toutes les larmes de mon corps pendant 2 jours.

Puis, je me fais à l'idée que je dois faire mon service militaire; d'ailleurs, en 1972, tout le monde le fait...sauf

Je me fais couper mes longs cheveux.....que je garde dans un sac en plastique. Je pleure quand je me regarde dans la glace. Il est vrai que j'aurais peut-être pu me faire réformer, étant « soutient de famille », n'ayant pas mes parents, mais finalement je préfère faire mon service militaire même si c'est dur et comme ça je ne devrais rien à personne.

Dans mon village tous les jeunes font leurs service militaire .. Sauf un jeune apparemment en bonne santé,  le seul du village : la honte !!  Il s'est fait réformé voyez vous pas très courageux ... Un « pisseux » comme on disait à l'époque enfin c'est comme ça ..

Je peux vous dire qu'aujourd'hui avec le recul je passe la tête haute à côté de certaines personnes qui ne m'appréciaient guère quand j'étais plus jeune....... Et qui ne voulaient surtout pas que je réussisse quelque chose....Mon dieux quelle horreur le petit batard ou le petit rouquin va réussir quelque chose !!!!!!  je n'avais pas le droit de réussir aux regard de certaines personnes de ce village  , je ne dirais pas de noms bien sur .....  c'est de la jalousie et de la méchanceté gratuite ....enfin .  C'est ça aujourd'hui si jamais vous réussissez quelque chose, vous vous faites des ennemis. Et cela ne m'empêchera surtout pas d'avancer bien au contraire.

Je ferai mon service militaire avec honneur sans problème, comme chauffeur « Poids Lourds »; je passerai tous mes permis « Poids lourd », « Super Lourd », « Transports en Commun » et « Remorques » avec succès. D'ailleurs aujourd'hui je possède tous ces permis .

Un week-end où je suis de permanence, je fais le « mur » pour aller chanter dans un bal à LAQUEILLE avec les « SMIGS ». Et arriva ce qui devait arriver: l'Adjudant de service passe la nuit dans les services et bien sur remarque mon absence. Ca se terminera par 30 jours de « trou », c'est à dire en prison.

Cela ne m'empêchera pas de terminer mon service militaire comme Caporal et Réserviste en octobre 1973.

Finalement, je suis fier d'avoir accompli mon devoir de citoyen et encore une fois je ne doit rien à personne.

Je termine mon service militaire au 92ème RI un vendredi. J'achète le journal La Montagne du samedi et je remarque une offre d'emploi « recherche monteur électrotechnique ». Je téléphone et le lundi qui suit, je me présente à la CIMEC, une entreprise électrique dont le siège social est sur Clermont-Ferrand. Malheureusement, cette entreprise a aujourd'hui disparu. Je fais connaissance avec l'équipe avec qui je vais travailler et tout se passe pour le mieux. Le chantier est les 7 étages du Crédit Agricole aux Salins.

Je me sens bien dans ma tête, je vis ma vie. Je loue une chambre sur Chamalières pour ne plus faire le trajet chaque jour. Je suis totalement indépendant et heureux de vivre en ville. Je reviens simplement le week-end voir ma grand-mère et mon oncle, mais aussi voir mes copains de sorties, je ne les ai pas oublié et j'en ai besoin.

Côté filles, toujours un peu timide mais l'armée m'a fait du bien. Je fais la connaissance de la fille d'un gendarme de la Brigade de Pontgibaud on se fréquence quelques temps, on s'aime mais rien de sérieux . Ses parents sont mutés sur la gendarmerie de  Montluçon on décide de mettre un terme à notre liaison.

La musique me permet de prendre confiance en moi et d'exister. Je fais des connaissances j'ai de petites aventures « par-ci, par-là » sans lendemains.

Nous sommes fin 1973. J'ai 21 ans passés et joue toujours dans l'orchestre les SMIGS, qui ne progresse pas et a du mal à trouver des prestations: donc on joue de moins en moins.

J'ai envie d'acheter une batterie. J'aime la batterie. Quand je vais voir un orchestre, je reste figé devant à regarder le batteur toute la soirée: je suis fasciné.

L'occasion se présente en décembre 1973: un musicien batteur que je connais veut changer sa batterie. Je lui propose de l'acheter en payant à crédit, c'est-à-dire en payant tous les mois (je ne sais plus le prix, ni les mensualitées).

Je me retrouve seul a la maison avec ma batterie à TIXERONT. Je tape un peu partout, comme un malade, sur cette batterie, sans savoir pourquoi ni comment. Et ça fait du bruit et du bruit dans le village encore une fois, mais j'ai l'habitude, on me prend pour un « fada », un fou quoi.Je suis heureux avec ma batterie et tant pis si ça ne plaît pas.

Nous sommes début 1974, je m'entraine à la batterie du mieux possible, aidé par le tourne-disque, et tout doucement je constate que je progresse. Mon oncle me regarde un peu de travers, mais finalement ça se passe pas si mal que ça.

Un jour, je rencontre un accordéoniste débutant, Bernard Guillot, qui connais un guitariste, Pascal Coricceli. Les deux habitent Sauvagnat P/herment et Fratanges prés du Puy Saint Gulmier  ils jouent sous le nom «Bernard et Pascal », tout simplement. Tous les trois, on fera une première répétition à Puy Saint Gulmier dans la salle de Classe je crois , dans une ambiance musette/rétro " Jean-Paul Boulay " nous rejoindra avec sa "sono" . Ca se passera bien, on fera deux ou trois autres répètes et on sera prêts pour animer, tant bien que mal, une petite soirée. On arrive à décrocher quelques soirées dansantes par-ci, par-là, quelques veillées de noces dans les Combrailles. Ce n'est pas le top mais je suis heureux; je joue et en plus je chante quelques tubes: quel bonheur !

Pour les déplacements, j'utilise ma voiture, une 204 Peugeot que je viens d'acquérir. Le véhicule est plein à raz-bord et ainsi va la vie.

Notre collaboration durera jusqu'en 1976, avec de super soirées dans les Combrailles et ailleurs...

Côté filles, ça va mieux: je fais la connaissance dans une soirée d'une Christine T, dont je tombe amoureux. Tous les deux, on s'épanouira comme des jeunes. On découvrira la vie, l'amour, avec des hauts et des bas. Mais cette envie de vivre, cette liberté que j'ai acquis depuis mon enfance et mon adolescence, me manque. Cette vie de « manouche » et la musique que j'ai dans la peau, auront raison de notre relation en Août 1975.

A ce moment là, j'ai 23 ans. Dans mon entreprise, ça marche bien. Je pars même en déplacement. Un jour, mon contre-maître me propose de gérer quelques chantiers, ce que j'accepte volontiers. Je me trouve alors « petit chef d'équipe"  avec des ouvriers à gérer » j'organise mon travail du mieux possible et encore une fois ça plais à mon Contremaître.

Cette nouvelle responsabilité me donne l'occasion de demander une augmentions ainsi que le changement de qualification. WAHOU

Le petit orchestre variété/musette marche pas trop bien il faut dire. Ca sonne un peu creux à trois. On se fait quand même remarquer, même si ce n'est pas le top. J'en profite pour faire des connaissances avec des aventures. Il est vrai que je ne suis plus timide et réservé donc je me laisse vivre, ainsi va la vie.

Je suis bien dans ma tête, je fais comme j'aime, sans contraintes. Dans mon village de TIXERONT, je remonte les week-ends voir ma grand-mère  qui vieillit tout doucement elle est heureuse de voir que je vis ma vie à pleins poumons, et mon oncle qui est envahi par le travail de la ferme.

Nous sommes en 1976

Quand l'orchestre ne joue pas, j'en profite pour aller au bal. Je vais voir les collègues et puis je fais de belles rencontres, des amourettes d'un soir ou de plusieurs jours. Je profite d'un certain succès. Pourquoi ? Je ne sais pas... On me remarque, on me parle, on m'aime, pourquoi je sais pas... mais cela me fait du bien, me donne de l'assurance et me pousse à avancer.

J'ai envie de monter un vrai orchestre, mais pas facile. Il faut pour cela trouver de bons musiciens. Les bons musiciens sont déjà en place dans de bons orchestres et ils ont beaucoup de travail , de plus il faut pouvoir les payer.

Plusieurs bons orchestres trés connus se partagent le territoire : Bernard Gilles, Georges Michel, Le Fog, Les Copains, Robert Peuvergne, Marc Robert, Tempo, Letourneau ,Patrick Laurent,   etc...

Je me dis que je ne pourrai jamais arriver à ce niveau et cette notoriété, quelle dommage !

Les copains de village se marient tous les uns après les autres; finalement

je reste un des seuls, à 24 ans, à ne pas être marié et je n'ai pas envie de me marier d'ailleurs; une femme serait malheureuse avec moi. Je suis instable ,je ne sais pas ce que je cherche, je ne suis pas prêt, mais surtout pas « mur dans ma tête ». Je pense que mon enfance n'y est pas pour rien...je doute de moi

En 1976, aprés avoir pendant un an, fréquenté Isabelle de Seychalles prés de Lezoux dont je garde un trés bon souvenir.... je retrouve Christine, que j'avais connu deux ans auparavant, et nous ferons un petit bout de chemin ensemble. Finalement, elle devait me manquer et je devais lui manquer.....

Notre aventure durera 3 ou 4 ans mais aura encore et encore des hauts et beaucoup de bas. Je suis très instable mais j'aime cette vie là. Cette belle aventure se terminera fin 1979, à cause de ce manque de stabilité, cette peur de bâtir un foyer. Il est vrai que j'ai cette soif d'aventures et de libertés. Pourquoi ? Je ne sais pas... Et je ne me comprends pas parfois. J'ai l'impression d'être différent des autres , pas normal et parfois j'en souffre énormément   .Il y a la musique aussi, qui prend beaucoup de place , de plus en plus de place  dans ma vie.

Nous sommes fin 1976. Je fais connaissance avec deux jeunes de Pontaumur: Jean-Yves Vernet et Patrick Picard, qui jouent respectivement de la basse et de la guitare. Tout de suite, le courant passera bien. Ils ont aussi un copain (lolo ) qui fait un petit peu de batterie, donc je sens qu il n'y a pas

Personne ne chante dans ce petit groupe, donc je m'invite et propose mes services comme petit chanteur de " Bal " et je suis admis dans le groupe. Nous répétons dans un garage, à Pontaumur, des morceaux du groupe Téléphonne et des Stones, mais aussi Jonnhy Hallyday, Eddy Mitchell Dick Rivers Etc, les filles de Pontaumur assiste à toutes nos répettes etc... on monte un petit répertoire avec. Comme matos, une toute petite sono qui parfois sature et une lampe rouge.  Le nom du groupe est « Distorsion ». Allez s'est parti, cette musique « jeune » me plaît beaucoup. 

Bien sur aucune association dans la région Pontaumur/Pontgibaud  ne prendra le risque de nous donner une chance pour animer une soirée , quelle horreur on ne va pas prendre les "grattes bambous du coin qui ne savent pas jouer".  Nous on prend des vrai orchestre qui jouent mieux que vous et qui habitent loin voyons..... Il est vrai que nous sommes débutant et les Bals dans la région sont animés par de " beaux Orchestre qui n'habitent loin "....   Eh bien tant pis, la première soirée a lieu  quand même à Pontaumur, on loue la salle des fêtes à nos frais on fais de la pub et on tiens les entrées.  Les jeunes de Pontaumur et des alentours viennent nous encourager. Finalement, pour une première fois, on est très satisfait on a du monde et ça nous fait bien moralement.

On répète et on répète, de manière à s'améliorer on passe nos dimanches aprés midi dans le garage à Pontaumur à travailler la Music . Je prends de plus en plus d'assurance au chant , je me surprend ça sonne pas  si mal que ça  . Le matériel (matos) nous manque beaucoup et en plus je suis le seul à bosser dans le groupe donc trés peu de trésorerie.

Nous sommes fin 1977 et je décide finalement d'investir carément dans une sono un peu plus confortable et une petite camionette (Estafette Renault) pour transporter le matos, ils est vraiment temps ....

A suivre... dans quelques jours le parcour de cet Orchestre de variété  "Gérard TIXERONT "....qui a animé les Bals de la région des Combrailles pendant prés de 20 Ans .....

 

      Ci-dessous en N/B  répétition avec les SMIGS en 1972                                                              Batteur Chanteur en 1974

  En desous Bal aves les SMGS en 1972 ( j'ai une perruque)                                            Chanteur en  1978 avec le groupe  Distorsion 

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